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📰 Délégation des pouvoirs financiers : que s’est-il passé à Bessancourt en 2025 ?

En octobre 2025, le maire de Bessancourt démissionne. Quelques semaines plus tard, la nouvelle maire confie à son adjoint aux finances – ancien maire démissionnaire – une délégation financière exceptionnellement étendue. Une situation rare, qui soulève de vraies questions démocratiques et juridiques.

Le plus marquant, ce n’est pas seulement le changement de maire. C’est la délégation de pouvoirs financiers signée quelques semaines plus tard, par laquelle la nouvelle maire transfère à son adjoint – l’ancien maire démissionnaire – une part très importante de la chaîne financière de la commune.

Vidéo – Délégation des pouvoirs financiers

Délégation des pouvoirs financiers à Bessancourt – Analyse vidéo

Cet article vise à expliquer clairement les enjeux démocratiques, administratifs et juridiques soulevés par une telle décision.

🔎 1. Que contient l’arrêté du 06 octobre 2025 ?

L’arrêté n°289/2025 confie à l’adjoint aux finances :

  • toutes les dépenses (EJ, bons de commande, service fait, mandats) ;
  • toutes les recettes (titres, reversements, corrections) ;
  • les décisions financières sur les marchés publics ;
  • les avenants jusqu’à +15 % ;
  • les relations directes avec la Trésorerie et la DGFIP ;
  • la gestion financière quotidienne de la commune.

Autrement dit : l’intégralité de la chaîne financière courante.

⚖️ 2. Pourquoi cette délégation interroge-t-elle ?

L’article L.2122-18 du CGCT permet aux maires de déléguer certaines attributions. Mais la jurisprudence impose que ces délégations soient :

  • clairement définies ;
  • limitées dans leur portée ;
  • accompagnées d’un contrôle réel du maire ;

La jurisprudence rappelle qu’une délégation :

  • ne peut pas être trop générale ou trop substantielle ;
  • ne doit pas priver le maire d’une part essentielle de ses pouvoirs ;
  • ne doit jamais placer un adjoint en situation d’ordonnateur de fait.

Or l’arrêté du 06 octobre 2025 :

  • ✔ délègue presque tous les actes financiers clés ;
  • ✔ sans limitation opérationnelle explicite ;
  • ✔ sans mécanisme clair de contrôle préalable ;
  • ✔ et confère à l’adjoint une position dominante dans la chaîne financière.

La légalité de cette délégation apparaît donc sérieusement discutable.

🏛️ 3. Une situation politique inédite

Trois faits : le maire démissionne, son adjointe lui succède, puis celle-ci lui délègue la quasi-totalité des compétences financières exécutives.

Cela revient, dans les faits, à redonner à l’ancien maire un pouvoir exécutif majeur sans nouvelle élection.

La doctrine administrative qualifie cela de risque de “maire de fait”.

⚠️ 4. Les risques pour la commune

🟥 Risque juridique

L’arrêté peut être annulé pour excès de pouvoir s’il est jugé trop large ou s’il prive la maire d’une part essentielle de ses fonctions.

🟧 Risque organisationnel

Concentrer toute la chaîne financière entre les mains d’un seul élu augmente les risques d’erreur, de dépendance et de perte de contrôle interne.

🟨 Risque démocratique

Les habitants ont un maire élu, mais une autre personne exerce en réalité les décisions financières majeures.

🟩 5. Position de notre groupe

Nous défendons :

  • la transparence ;
  • le respect strict du cadre juridique ;
  • l’équilibre des institutions locales ;
  • le contrôle démocratique des finances publiques.

Les finances d’une commune ne doivent jamais échapper ni au maire, ni au Conseil municipal, ni aux habitants.

Nous continuerons à analyser, surveiller et informer, dans l’intérêt de tous les Bessancourtois.